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L'acteur

Chez Marie-Laure, on travaille au rythme des saisons

Les parfums s’entremêlent dans le magasin de Marie-Laure Lichtfus, à Tintigny. Naturellement bien, son magasin, regroupe les produits issus de l’exploitation familiale. Indépendante et entrepreneure, elle n’a qu’une supérieure : Dame nature.

Votre exploitation est à la fois productrice, transformatrice et vendeuse. Une force ?

Nous en sommes fiers ! Avant toute chose, il faut préciser que l’entreprise, l’unité de production donc, s’appelle Un brin de campagne, et le magasin dans lequel nous sommes Naturellement bien.

Avec ma maman et mon beau-père, nous sommes producteurs de plantes médicinales et aromatiques. Mon beau-père a ouvert Un brin de campagne en 2010 et moi
le magasin en 2015. En 2019, j’ai repris l’entreprise à 100%.

Je dispose de 8 hectares. Nous travaillons sur 4 sites différents et, en effet, je travaille au niveau primaire (je produis les plantes), au niveau secondaire (je les transforme) et au niveau tertiaire, puisque je les vends.

“ Le dimanche, en plein été, vous me retrouverez dans les champs „

D’où vous est venue l’envie de vous lancer en tant qu’agricultrice, le secteur attire malheureusement de moins en moins de jeunes, non ?

En province de Luxembourg, on a l’habitude de travailler la terre mais nous sommes aussi formatés pour aller travailler au Grand-duché de Luxembourg. C’est ce que j’ai fait. J’avais une vie agréable lorsque j’étais dans la finance. Un jour, j’en ai eu marre. J’avais besoin d’être en accord avec mes valeurs. J’ai donc suivi une formation en herboristerie en 2009. Mon beau-père a créé l’entreprise à partir de cette formation. Il a découvert ce métier lorsque j’étais en stage dans les Vosges.

L’agriculture est un secteur difficile mais c’est loin d’être le seul. J’ai bénéficié en tant que jeune agricultrice de nombreuses aides de la Région. J’ai pu parler avec d’autres entrepreneurs. Pour se lancer, Il faut oser prendre les choses en mains et parfois supporter un poids sur ses épaules. C’est un travail pour lequel il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps. Un magasin lambda est généralement fermé le dimanche mais moi, le dimanche, en plein été, vous me retrouverez dans les champs.

Quelles sont les valeurs qui vous ont portées vers ce changement professionnel ?

Le respect de la terre, de l’environnement, de la santé, le bien aussi que l’on peut créer autour de soi, la convivialité, la transparence ou encore la transmission. Je sais que certains sont surpris que j’insiste pour pouvoir garder des stagiaires IFAPME mais je préfère que ma concurrence soit bien formée, plutôt qu’elle le soit mal car ça nous retombera dessus. D’ailleurs, concernant la transmission, j’ai commencé en tant que professeure en herboristerie il y a quelques semaines.

Le cycle des saisons est donc au cœur de votre travail ?

Tout à fait. De toute façon, nous n’avons pas le choix que de le respecter. Si on ne récolte pas assez en été, on est foutu pour le reste de l’année. L’été passé n’était pas terrible au niveau de la récolte des fleurs. Les sortes de produits varient en fonction des productions annuelles, on respecte le rythme des saisons, de la nature.

Le bio fait aussi partie intégrante de notre entreprise. J’ai grandi avec, c’est toute mon éducation. En tisane et en distillation, le bio est trop important ! Le fait d’être labellisé Certisys et Nature & Progrès est, pour mes produits, gage de qualité, de reconnaissance et leur offre une vitrine lors des salons…

Combien de produits avez-vous ?

Huiles, vinaigres, tisanes, bonbons, hydrolats, sels, aromates, etc. La liste est longue et disponible sur notre site. Près d’une centaine de points de vente dans le pays les distribuent. Le Hainaut, Namur et le Luxembourg sont les provinces où mes produits se vendent le mieux, plus spécifiquement dans les magasins A la ferme. La vente dans
d’autres magasins représente plus de 30% de mon chiffre d’affaires.

On se démarque aussi grâce à nos goûts différents. Notre produit phare ce sont les tisanes. Avec elles, on tente de résoudre des problèmes tels que le sommeil, le stress ou la
digestion.

“ Il a fallu réhabituer les gens aux vraies saveurs „

Il a fallu aussi casser les préjugés que les gens peuvent avoir sur ce genre de produits ?

Chacun a sa sensibilité. Au début, il y a 12 ans – puisqu’on met en avant nos tisanes – les petits sachets de thé étaient à la mode. Aujourd’hui, les gens ont envie de voir les plantes.
A l’époque, ce n’était pas du tout le cas. Ça a été une grosse crainte. Aussi, il a fallu réhabituer les gens aux vraies saveurs et non aux goûts chimiques. Ce n’était pas évident.

Des projets ?

Construire un bâtiment pour y rassembler l’ensemble des tâches. J’aimerais aussi que l’herboristerie soit mieux protégée en Belgique. Aujourd’hui, tout le monde peut ouvrir un commerce comme le mien. Avoir un titre protégé nous apporterait de la légitimité et renforcerait l’importance du conseil à la clientèle.

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