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Portrait

Hadja Lahbib, une femme de cultures à la tête de notre diplomatie

Son parcours de vie et des rencontres ont forgé la vision du monde de notre ministre des Affaires étrangères. Pour Hadja Lahbib, qui, avant de devenir ministre, portait la candidature de Bruxelles au titre de capitale européenne de la culture en 2030, la culture est essentielle !

Quelle est votre définition de la culture ?

La culture représente pour moi l’ouverture au sens large : l’ouverture aux autres, à la découverte, l’ouverture d’esprit, aux autres sensibilités. C’est un langage universel, qui dépasse les mots. La culture nous rassemble en tant qu’êtres humains à travers notre vécu. C’est irrationnel et cela nous permet pourtant d’accéder au rationnel car certaines barrières tombent. La culture va chercher en nous l’essence de la vie et des relations humaines.

Et il y a un lien évident avec la diplomatie ! Les visites d’Etat, les missions économiques sont le prolongement de pratiques ancestrales. Les peuples de Nouvelle-Guinée par exemple, scellaient leur amitié par la pratique de la Koula, des échanges de colliers et de bracelets de coquillages. Plus ils étaient beaux, plus ils accordaient prestige et renommée mais ils ne pouvaient être conservés pour toujours, ils devaient circuler ou être offerts à d’autres partenaires!

 

La vie est plus belle quand on est ouvert aux imprévus

Politique et culture vont donc de pair ?

Bien sûr. Je suis d’ailleurs très heureuse d’être, en tant que ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, en charge des missions économiques menée par la Princesse Astrid – et d’avoir aussi la compétence des Institutions culturelles fédérales. La culture est également mise à l’honneur lors de ces visites. Récemment, lors de la visite royale en Lituanie, des musiciens de La Monnaie et de l’Orchestre National ont introduit dans leur prestation un clin d’œil à l’hymne national mêlé à celui de la Lituanie. C’était un beau moment !

Votre parcours journalistique et votre quotidien de ministre des Affaires étrangères contribuent évidemment à votre ouverture sur le monde. Mais d’où vient votre affinité pour la culture ?

Comme pour beaucoup d’enfants, elle me vient de l’école. Mon professeur de 5e/6e primaire a été la source de cet éveil. Il ramenait en classe ses souvenirs de vacances, c’était toujours des voyages extraordinaires. Sur les diapositives qu’il nous montrait, on pouvait découvrir l’Inde, l’île de Pâques.

Pour moi qui, à 10 ans, n’avais jamais quitté la Belgique – hormis pour un voyage à l’âge de 6 ans en Algérie, le pays de mes parents – je trouvais fabuleux qu’on puisse prendre un avion et se retrouver dans des cultures totalement différentes telles que celles-là. Je garde aussi un souvenir intact du premier concert classique auquel j’ai assisté, un moment magique, une émotion indéfinissable.

Dans vos combats, il y a aussi la défense du droit des femmes dans le monde et en particulier en Afghanistan, pourquoi ?

Je suis une passionnée de littérature. J’ai lu « Les Cavaliers » de Joseph Kessel. La description qu’il fait de ce monde afghan, au cœur de l’Asie où se sont faits et défaits des empires, est incroyable. Le travail de nombreux grands photographes a aussi été source d’inspiration. Lorsque la guerre a commencé et qu’il a été question d’envoyer une journaliste sur place, juste après les attentats du 11 septembre 2001, je me suis portée volontaire, je voulais être témoin de cette page de l’histoire. Avec sa position stratégique au cœur de l’Asie, l’Afghanistan s’est souvent retrouvé pris au piège d’influences des grandes nations, otage de la guerre froide aussi. Les femmes en ont payé le plus lourd tribut sous le règne des Talibans avant 2001 et avec leur retour 20 ans plus tard… entretemps certaines ont été ministres, gouverneures, journalistes. Aujourd’hui, on leur interdit de travailler pour les ONG, les filles ne peuvent plus aller à l’école. La moitié de l’humanité est condamnée, sans avenir. C’est une situation terrible. Parler d’elles, les mettre en lumière me semble primordial. C’est un combat que j’ai porté en tant que journaliste et que je poursuis en tant que ministre. Sur la scène internationale, nous sommes mobilisés pour améliorer la situation sur le terrain en Afghanistan, en particulier pour toutes ces femmes et filles.

Un message pour conclure ?

Se dire que la vie est plus belle quand on est ouvert aux imprévus, oser sortir de sa zone de confort rend le chemin peut-être plus difficile mais plus passionnant aussi, on ne cesse d’apprendre, d’évoluer. On n’a qu’une seule vie pour vivre toutes les autres !

 

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