Notre vice-premier ministre fédéral David Clarinval est passionné par l’Histoire et la littérature. Il écrit aussi, sur sa vie et son travail. A découvrir un jour, en librairie ?
En préparant cette interview, vous m’avez parlé de vos passions pour la lecture, l’histoire, votre région. Bastogne a ainsi une place à part dans votre cœur.
Bastogne est en effet une ville marquée par la seconde guerre mondiale. Et dans ce contexte émerge l’un de mes auteurs et personnages préférés, Winston Churchill. Sa carrière a connu des hauts et les bas, mais il a été l’un des sauveurs de l’Occident face au nazisme. J’adore lire des livres historiques ou biographiques. Je fais aussi partie d’une association franco-belge qui promeut l’Ardenne et sa culture (littérature, vie en société, traditions).
« Ne dites pas à un Ardennais qu’il est Gaumais et encore moins à un Gaumais qu’il est Ardennais »
La distinction entre l’Ardenne et la Gaume est importante pour vous…
Ah oui ! Ne dites pas à un Ardennais qu’il est Gaumais et encore moins à un Gaumais qu’il est Ardennais (rires) ! Ce sont des voisins qui s’adorent mais qui sont très attachés à leurs différences. Les Gaumais ont un trophée qui rend jaloux tous les ardennais : l’Orval. Les Ardennais sont chaleureux : ils ont adopté l’Orval.
Un de vos auteurs préférés est Mario Vargas Llosa, qui est-il ?
Il est Péruvien et a obtenu le prix Nobel de littérature. J’ai lu la plupart de ses livres. Vargas Llosa est un grand auteur libéral, qui a d’ailleurs été candidat à la présidence péruvienne.
C’est un intellectuel engagé, qui met ses écrits en pratique sur le terrain, à la différence d’autres théoriciens qui restent enfermés dans les universités.
D’autres personnages historiques que vous appréciez ?
Victor Hugo ! Mon fils s’appelle Victor, ce n’est pas un hasard. Voilà encore un intellectuel engagé qui a écrit de magnifiques romans. Parlementaire, il a vécu en exil car sa vie était en péril. C’est un personnage historique extraordinaire.
« je suis en politique, c’est pour donner le meilleur de moi-même »
On se demande pourquoi vous n’êtes pas devenu bibliothécaire ou libraire…
(rires) Disons que si je suis en politique, c’est pour donner le meilleur de moi-même, et pour être un homme politique clairvoyant, il faut connaître l’Histoire. Karl Marx (oui, je sais, c’est un peu fort de le citer dans ce magazine) a dit : « celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre », voilà bien le seul point sur lequel je suis d’accord avec lui. Connaître la sociologie humaine est aussi important. Dans mon parcours en sciences politiques à l’université il y avait pas mal de sociologie, c’était très intéressant. Ce que l’on vit aujourd’hui est le fruit de l’Histoire mais aussi des vicissitudes de l’actualité et de la manière dont les hommes et les femmes y font face et prennent les problèmes à bras le corps. L’histoire de Rome, faite de grandes victoires et de terribles échecs, démontre l’importance du contexte.
« J’aime l’odeur du papier, le contact avec les pages »
Que lisez-vous actuellement ?
Je suis un vrai bibliophile ! Je ne m’intéresse pas seulement au contenu : j’adore le livre en tant qu’objet. J’aime l’odeur du papier, le contact avec les pages. J’ai acheté un original de Diderot, c’est un objet magnifique. Mais je suis assez éclectique, en fonction de mon humeur. Je viens de commencer « Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé », de Frederic Beigbeder. Ce n’est pas du tout le même style (rires). L’auteur est à la base de gauche et se sent maintenant dépassé par le phénomène du wokisme. Ça m’a fait rire, je suppose que ce n’est pas le cas de tout le monde.
Ecrire vos mémoires vous tente-t-il ?
J’écris pas mal. Je tiens un journal où je mets sur papier des éléments de ma vie, des moments d’ambiance. Je trouve utile de se remémorer ces petits anecdotes et détails que l’on oublie vite. Cela devrait très certainement être retravaillé si je venais à le publier.
On a donc le titre du prochain livre… « Confession d’un ministre dépassé » ?
(rires) Disons légèrement dépassé
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