Le château de Chimay trône sur son rocher depuis plus de mille ans. Le Prince Philippe et la Princesse Françoise de Chimay perpétuent la tradition. En plus de maintenir l’héritage familial, ils sont à la tête d’un véritable poumon économique pour leur ville.
Votre château, c’est avant tout une histoire de famille ?
Philippe de Chimay : Je suis le 22e Prince de Chimay. Ce sont mes parents, de vrais précurseurs, qui ont ouvert les portes du château au public en 1958. A l’époque, il s’agissait de la première famille princière d’Europe à ouvrir un château de ce type au public. Ma mère a aujourd’hui 97 ans. Jusqu’à ses 80 ans, elle assurait les visites elle-même.
Perpétuer la tradition, c’est une sorte de mission naturelle ?
C’est notre façon de participer à la vie locale, de mettre en avant et de faire découvrir notre belle région. Le château est toujours resté ouvert au public. Depuis que ma femme, la princesse Françoise, est entrée dans ma vie, nous avons réalisé de gros travaux afin que la maison reste accueillante pour nous bien sûr, mais aussi pour nos amis et les visiteurs. Notre volonté est de développer le tourisme, qui est un secteur très important pour notre région.
Nous avons bien conscience que si des gens viennent jusqu’ici, c’est d’abord pour nos bonnes bières de Chimay ainsi que pour notre fromage. Mais le château est aussi un point d’attraction.
Quelles activités proposez-vous ?
Françoise de Chimay : nous organisons de nombreuses activités comme des concerts, des rallyes automobiles, des escape game. Le domaine abrite un minigolf, une terrasse. Nous hébergeons de nombreux événements locaux et nous proposons des spectacles de grande qualité. Il y a quelques jours, nous avions près de 27 instruments différents sur la scène du petit théâtre du château. Tout le monde est le bienvenu, et le contact avec le public est très important pour nous.
Le château n’est cependant pas ouvert toute l’année. Nous profitons de la période creuse pour faire des travaux. Actuellement, notre terrasse arrière doit être rénovée. Le souci, c’est qu’il y a une pénurie de travailleurs dans le tourisme et le patrimoine au sens large. Nous recherchons activement du personnel spécialisé pour réaliser ces travaux.
« Nous attirons environ 15 000 visiteurs par an »
Comment résumer le château de Chimay en quelques chiffres ?
Philippe de Chimay : nous attirons du monde, environ 15 000 visiteurs par an. Pour une ville comme Chimay, ce n’est pas rien ! Les touristes hollandais représentent une grande partie de nos visiteurs, ils sont environ 43% à passer le pas de la porte. Le château est aussi un vrai pourvoyeur d’emplois : 20 équivalents temps plein travaillent ici. C’est une fierté de maintenir un héritage familial tout en y faisant évoluer d’autres nombreux acteurs. Vous savez, nous avons tant investi personnellement dans ce château, financièrement et physiquement. C’est notre vie.
Vous êtes des personnages emblématiques de votre région, quel regard porte-t-on sur vous dans la région ?
Nous sommes des oiseaux rares (rires). Les gens sont contents de nous voir. On a toujours voulu rester proches, au contact. Puisque nous sommes chez nous, il est déjà arrivé de vivre quelques expériences cocasses comme lorsque nous sommes en train de manger dans la salle du château et que des touristes arrivent, alors nous partons avec nos assiettes et allons dans la cuisine (rires).
Dans l’histoire récente du château, il y a quelques petites anecdotes amusantes à raconter : je me souviens notamment d’un homme qui s’est retrouvé coincé dans la chaudière ou, dans un registre plus sérieux, le stratagème établi par mon père, sans que ma mère soit au courant, dans les années 70 pour permettre à un musicien d’Europe de l’Est, venu en prestation ici un soir, de s’exiler dans notre pays… quelle histoire ! On a eu chaud, mais c’est passé. Quelques années plus tard, en guise de remerciement, il est revenu sur scène, un moment très émouvant. Il habite toujours en Belgique.
On peut en déduire que la génération suivante va maintenir l’activité ?
Philippe de Chimay : nous l’espérons, oui. Nous avons deux enfants et six petits-enfants. Nous attendons de voir comment ils vont se positionner par rapport à ce projet à l’avenir, s’ils se sentent capables de prendre la relève…
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