Tout part d’une passion : celle de faire du vin et de le partager. Près de 25 ans plus tard, Arnaud Leroy et son frère sont la deuxième génération aux commandes de Ruffus, le pionnier des vins effervescents en Belgique.
Ruffus, une aventure visionnaire ?
Tout commence en 2001, lorsque mon père, Raymond Leroy, négociant en vin, propose à un agriculteur local, Etienne Delbeke, de planter de la vigne sur des terres pauvres entre Estinnes et Quévy, dans le Hainaut. À l’époque, la viticulture professionnelle est quasi inexistante en Wallonie. Ils sollicitent Thierry Gobillard, un vigneron champenois, pour évaluer la faisabilité du projet. Enthousiasmé par la richesse du sol local, similaire à celui de la Champagne, Gobillard accepte à condition de débuter avec au moins 2 hectares car selon lui, en dessous, c’était du jardinage.
En 2002, les premières vignes de chardonnay sont plantées. Dès 2005, les premières bouteilles arrivent sur le marché et séduisent rapidement, notamment des restaurants étoilés.
Aujourd’hui, nous sommes devenu une référence dans la production de vins effervescents de qualité en Belgique.
« Nos ventes sont exponentielles depuis notre création »
C’est donc une histoire de famille ?
Lorsque mon père s’est rendu compte que ça prenait de telles proportions, il a fait appel à mon aide et à celle de mon frère. Je suis licencié en informatique de gestion, j’avais donc déjà cette approche marketing et puis surtout, j’ai toujours baigné dans le vin grâce à mon père et mon grand-père. Lors des fêtes de famille, il y avait toujours beaucoup de vin à table. Mon frère, ingénieur en biochimie, s’était dirigé directement vers cette option. Il a parfait sa formation à Bordeaux, durant trois ans pour se former à l’œnologie.
Quelle est l’origine du nom Ruffus ?
C’est en fouillant dans les archives de la commune d’Estinnes que nous sommes tombés sur les traces d’un seigneur ayant vécu et régné sur ces terres, au 12e siècle : il s’appelait Jean Ruffus. A l’époque, mon père et ses associés n’avaient pas demandé les service d’une agence de communication. Pour eux, « Cuvée Seigneur Ruffus » ça sonnait plutôt bien ! C’est devenu plus tard « Cuvée Ruffus » et finalement « Ruffus ».
Est-ce qu’on peut dire que vous êtes un marchand de bonheur ?
Notre métier, c’est une passion avant tout ! On se réjouit chaque jour que les gens apprécient nos bulles. A la base, il n’y avait pas d’aspect financier. On a voulu faire quelque chose de bon, qui se partage. C’est un super métier, on est sollicité pour un tas d’évènements qui nous font rencontrer beaucoup de monde, de tous secteurs. Quand on boit des bulles, les gens ont le sourire, c’est vrai que c’est très agréable à vivre.
« Avec les vins belges, on est en train de concurrencer les vins Français et Espagnols »
Comment se déroule la période des fêtes pour vous ?
Au vignoble, ça ne change rien. Les bouteilles sont vendues à l’avance, on étale les livraisons sur toute l’année. Cette période est importante pour nos cavistes qui nous distribuent partout dans le pays.
Ceci dit, la période est très importante pour nous d’un point de vue communication. On organise et on participe à des marchés de noël. C’est la période où tout le monde sort des bulles et l’idée est malgré tout de prendre des parts de marché, non pas à nos collègues belges mais bien à l’international. Pour l’instant, avec les vins belges, on est en train de concurrencer les vins français et espagnols.
Et pourquoi pas les Belges ?
On a fait cavalier seul pendant presque 10 ans. Je préfère ne pas parler de concurrence pour l’instant puisque le marché belge n’est pas à saturation (ce qui est le cas en Champagne) et que tous les vignerons vendent toute leur production. C’est plutôt positif pour nous, chaque vigneron essaye de faire parler de sa cuvée. C’est très difficile de faire l’impasse sur les pionniers que nous sommes et donc il y a souvent une comparaison avec notre savoir-faire. Depuis que la concurrence arrive, les demandes explosent au domaine. Nos ventes sont exponentielles depuis notre création.
Que peut-on vous souhaiter ?
De garder un climat de production favorable, de continuer à donner le sourire aux gens et aussi de continuer à faire connaitre notre métier au public. Enfin, étant donné que nous payons énormément de taxes et en particulier les accises sur les bulles, nous invitons les gouvernements à réfléchir à des aides spécifiques pour le secteur viticole, ce qui qui nous aiderait à développer davantage la promotion des vins en Belgique.
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