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L'acteur

Créer du lien entre l’enseignement et le marché de l’emploi

A l’heure de la rentrée, André Grenier, directeur d’administration de l’enseignement en Brabant wallon, souligne la nécessité d’un lien fort entre la formation scolaire et le marché de l’emploi. Rencontre avec un expert passionné.

Comment créez-vous des liens entre l’enseignement et le marché du travail ?

L’enseignement secondaire est décisif pour nos jeunes : nous devons les orienter vers l’option la plus adéquate, puis vers l’enseignement supérieur ou un métier. Nous devons donc leur  faire prendre conscience des besoins socio-économiques de leur territoire. Ainsi, les formations que nous développons ici en Brabant wallon ne sont pas forcément les mêmes que celles des bassins liégeois ou hennuyer. Il y a des start-ups à Nivelles qui participent à la création de satellites, ou d’autres, comme Odoo, spécialisées dans la programmation. Elles recherchent des compétences scientifiques et numériques. Quand le CEO d’Odoo me dit : « Tu sais André, on sort 5 à 6 programmeurs par an en Wallonie mais moi il m’en faut 200 ! », je trouve qu’on loupe le coche.

Une bonne orientation est d’autant plus importante dans le qualifiant, qui mène directement à un métier. Mais nous travaillons aussi avec l’UCL, l’ULB et, je l’espère bientôt l’ULG, pour définir les compétences que doivent maitriser nos élèves à l’entame des études supérieures. Avec ces universités, nous développons des projets orientants tels que les sciences spatiales, lancées dernièrement.

« Notre enseignement doit être proactif pour créer de nouvelles options au regard du marché de l’emploi »

C’est une option dont on n’a pas l’habitude d’entendre parler, dites-nous en plus ?

C’est déjà un beau succès : on espérait 15 élèves, on en a eu 45 ! L’histoire naît à l’ULB où je suis en visite à la scientothèque. Sa directrice me parle de projets avec l’enseignement secondaire. Deux ans plus tard, elle m’interpelle : « Je suis en contact avec l’ESA (Agence Spatiale Européenne), tout le monde est épaté par Thomas Pesquet qui est dans la station internationale et par le boulot que font les Américains ! Mais à l’ULB/ULG où ces études existent, peu nombreux sont les étudiants qui s’y inscrivent et cette branche reste fort masculine ». Elle me fait part des besoins du secteur et de l’envie de l’ESA de s’investir. On a vite compris qu’en créant cette option « traditionnellement », ça allait prendre 4, 5 ou 6 ans. On ne voulait pas attendre car l’ULB avait réellement l’ESA à sa porte, les planètes s’alignaient à ce moment-là, c’est le cas de le dire. En tant que technicien, je pense qu’en Fédération Wallonie Bruxelles, notre enseignement doit être proactif pour créer de nouvelles options au regard du marché de l’emploi. La procédure est trop lente en enseignement secondaire pour être en adéquation avec les besoins du territoire.

En partenariat avec l’ESA nous avons donc formé nos enseignants et adapté des cours existants. L’Eurospace Center de Transinne est devenu un lieu de référence dans notre formation. Les sciences spatiales, ce n’est pas seulement le voyage spatial, mais aussi l’exploitation des données qui nous viennent d’en haut. Avec cette option, on a vite compris qu’on était dans une dimension exclusive en Belgique et en Europe.

« L’important c’est de donner l’envie d’entreprendre. Le redressement économique wallon doit également passer par l’enseignement. »

Quelles sont les prochaines étapes ?

Le tissu économique en Brabant wallon a remarqué que nous innovions. Nous avons entamé les démarches avec un professeur de l’UCL pour ouvrir une nouvelle option : transition programmation et technologies du digital. La Belgique est en retard par rapport à ses voisins en matière d’enseignement du codage, une compétence essentielle aujourd’hui vu son impact économique. L’école moderne doit l’enseigner au même titre que les mathématiques et le français. Avec cette nouvelle option et la ludopédagogie, on a vu des élèves en décrochage revenir vers l’école, grâce notamment aux projets réalisés en classe. L’important c’est de donner l’envie d’entreprendre. Le redressement économique wallon doit également passer par l’enseignement.

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