Menu
L'acteur

La grande famille de Julie Bajart !

En 1890, Joseph-François Bajart fonde, aux côtés de maçons et tailleurs de pierres, l’entreprise de construction du même nom. Plus de 130 ans plus tard, c’est son arrière-arrière-petite-fille, Julie Bajart, qui fait fructifier cet héritage riche de centaines d’ouvrages patrimoniaux restaurés et de plusieurs dizaines d’emplois assurés.

La notion de famille est au cœur de votre entreprise, comme cela se traduit-il au quotidien ?

Pour moi, la notion de famille est reliée à celle de l’héritage, au sens de savoir d’où l’on vient. Dans la restauration du patrimoine, notre spécialité qui représente 80% de notre activité, cette notion prend tout son sens. Travailler sur un monument historique, c’est se poser plein de questions : pourquoi a-t-il été construit à cet endroit ? Qui étaient les premiers occupants ? Quelle a été l’évolution architecturale ? Dans notre activité, nous agissons comme un relais dans le passage du temps.
J’attache également de l’importance au bien-être au travail pour mes ouvriers. Ici ils sont plus de 80 et je connais le nom de chacun. Le lien et le respect entre les personnes sont des valeurs importantes. Je crois que c’est ce qui nous différencie de certaines grosses structures.

Dans notre activité, nous agissons comme un relais dans le passage du temps.

En Wallonie, vous êtes une des rares entreprises à pouvoir toucher au patrimoine. Vous êtes donc fortement liée aux pouvoirs publics, souvent propriétaires. C’est un frein ou un avantage ?

Un peu des deux. L’avantage, c’est qu’ils sont la source des investissements, en fonction de leur budget. Tous les bâtiments classés au patrimoine sont subsidiés par la Région. Mais les pouvoirs publics peuvent aussi être un frein, étant donné que nous ne travaillons qu’à Bruxelles et en Wallonie, ce qui nous rend très dépendants.
D’un point de vue plus technique, travailler sur des bâtiments classés impose toute une série de contraintes. Il ne s’agit pas de rénovations classiques et l’on travaille au cas par cas.

On dit que le secteur de la construction peine à recruter ?

Les candidats, il y en a toujours. Ce n’est pas facile de recruter parce qu’on a des métiers vraiment spécifiques. Chez nous, toute personne nouvellement engagée est épaulée par un tuteur en fonction de son métier. La formation se fait sur le terrain, avec notre personnel. Nous sommes obligés de former en interne pour conserver les talents et améliorer la qualification du personnel. Chez Bajart, on a eu quelques apprenants qui venaient des Compagnons bâtisseurs, ce système est très valorisant tant pour les travailleurs que pour les entreprises. Les ouvriers apprennent leur métier sur le tas pendant plusieurs années. Ils ont une vision des choses différente. En Belgique ce type de formation manque.

Vous dites qu’il faut sensibiliser dès le plus jeune âge aux métiers de la construction, pourquoi ?

Avec un groupement d’entrepreneurs en patrimoine, nous sommes en train de réfléchir à la question.
On aimerait bien solliciter les communes, les responsables de l’enseignement pour que dès la 5e/6e primaire les jeunes puissent venir voir ces chantiers durant leurs cours, et pas seulement pendant les weekends.
Je pense qu’on a, du fait des générations précédentes, une mauvaise image du secteur. On voyait les travailleurs vieillir avec des maux de dos etc. Maintenant, avec tous les moyens de manutentions et d’aide dont nous disposons, le métier est beaucoup moins pénible.
Ces métiers sont très valorisants et les ouvriers de la construction sont bien payés. Bon, parfois ils sont un peu trop taxés mais ça, c’est un autre débat (rires).

Je pense qu’on a une mauvaise image du secteur. On voyait les travailleurs vieillir avec des maux de dos etc. Maintenant, avec tous les moyens de manutentions et d’aide dont nous disposons, le métier est beaucoup moins pénible.

On vous a souvent interpellée sur le fait que vous êtes une femme dans un milieu d’hommes ?

Cette question est légitime. Je peux comprendre que cela peut surprendre dans un secteur comme la construction. Je ne suis cependant pas la seule femme de l’entreprise. J’ai près de 20 ans de carrière et je peux vous dire que si c’est un métier très masculin, c’est aussi un métier très protecteur.

Depuis la création de l’entreprise, la succession se fait de pères en fils et fille, est-ce que la relève sera assurée par l’un de vos enfants ?

Ah ça je ne sais pas ! Ce n’est pas mon objectif. J’ai 2 filles et un garçon. La plus grande de mes filles est en 2e à l’université. Devinez le métier qu’elle souhaite apprendre ? Architecte ! Je me dis donc que le fruit ne tombe jamais très loin de l’arbre. Plus sérieusement, je crois que chacun doit trouver sa voie sans être contraint par des obligations professionnelles vis-à-vis de la famille. Même si ce n’est pas avec un de mes enfants, je souhaite que l’entreprise continue son chemin en conservant les mêmes valeurs, avec une personne issue de l’interne qui voudra investir ou une entreprise externe.

 

 

 

 

 

 

No Comments

    Leave a Reply